Origine de la vigne les cépages
Origine de la vigne les cépages
On a trouvé près de Sézanne, dans la Marne entre Troyes et Reims, dans des tufs, des restes fossilisés d'une vigne d'âge tertiaire baptisée,
Vites sezannensis dont on avait fait un peu rapidement l'ancêtre des pinots de Champagne. On sait, depuis, que cette liane associée à une flore subtropicale humide a disparu à tout jamais du continent eurasiatique avec les grands froids du Quaternaire. Elle subsisterait encore dans le sud-est
du continent américain mais de toute façon ses fruits sont inaptes à la vinification. Au fil des ans, on a retrouvé beaucoup de vignes tertiaires et du Quaternaire ancien à Montpellier, à Marseille, dans le Cantal, dans l'Ain, sur les rives de la Seine et dans l'Ardèche où le musée de paléontologie de la Voulte-sur-Rhône conserve quelques exemplaires de vignes tertiaires en particulier une
Vitis vivariensis datant de 8 millions d'années. Toutes ces vignes ont reçu des qualificatifs divers mais sont regroupées sous le terme de "lambrusque" ou vigne sauvage, certaines ayant pu persister jusqu'au XIXe siècle, en particulier en Camargue, où sous forme de liane elle pouvait s'élever jusqu'à 10 m de hauteur accrochée aux chênes et aux peupliers.
Au gré des glaciations et des réchauffements, les lambrusques se déplaçaient tantôt vers le Sud, tantôt vers le Nord. C'est ainsi que deux aires refuges sont connues, l'une autour de la Méditerranée (Espagne, Italie, rivages du Maghreb, Asie mineure), l'autre en Asie entre la mer Noire et la mer Caspienne (Arménie, Azerbaïdjan). A la fin de la dernière glaciation, les vignes sauvages migrent vers le Nord et on les trouve jusque dans le Sud de la Suède.
Mais il y a une grande différence entre ces vignes sauvages, et la vigne cultivée (Vins vinifera sativa). Les lambrusques sont des plantes d'humidité alors que la vigne cultivée est une plante qui aime plutôt la sécheresse. On n'est pas certain que le travail de l'homme puisse transformer des lambrusques en vigne à vin et toute expérimentation est maintenant impossible depuis que le phylloxéra a tué toutes les vieilles souches à la fin du XIXe siècle. Cependant on pense que les fruits de lambrusques, petits et acides, ne permettaient pas
de faire du vin, de telle sorte que la grande question est de savoir depuis quand et où existaient des raisins susceptibles d'être consommés et vinifiés.
Une équipe de chercheurs américains a décelé la présence d'acide tartrique dans une amphore vieille de 5500 ans produite par la civilisation sumérienne dUruk. La civilisation de Sumer est antérieure à celle de l'Egypte qui livre les premières traces du vin vers 2500 avant J.-C.. Uruk, Suse et Babylone ont donc fait, bien avant, une large place à la vigne et au vin. Ceci se passait au sud de la Mésopotamie près du golfe Persique. Vigne
et vin apparaissent 1500 ans avant J.-C. en Grèce. Alors notre vigne cultivée occidentale provient-elle du travail de l'homme sur diverses souches locales de lambrusques ou s'agit-il d'importation de ceps venant d'Asie, où à l'origine existaient plus de 60 espèces sauvages, certaines donnant naturellement des raisins propres à la vinification. Toujours est-il que les tracés de vigne et surtout de raisin sont nombreuses en Gaule, du Sud en particulier. Les raisins pouvaient être utilisés pour les, fruits, pour le jus naturel, pour les fruits
Les Phocéens adoucirent la barbarie des Gaulois et leur enseignèrent une vie plus douce. Ils leur apprirent à cultiver la terre, et à entourer les cités de remparts, à vivre sous l'empire des lois plutôt que sous celui des armes, à tailler la vigne et à planter l'olivier".
A quelle époque se rapporte cette description écrite au Ier siècle avant J.-C.. Il pourrait s'agir du Ve siècle avant J.-C. mais aussi bien d'une période plus récente. Et puis comment ne pas tenir compte de la proximité géographique: les Gaulois de Martigues étaient peut-être "hellénisés" dès le Ve siècle alors que les Albiques d'Apt et du plateau d'Albion n'ont été totalement pacifiés que par Auguste, 5 siècles plus tard.
La troisième période est celle de la conquête romaine. C'est une véritable explosion de la culture de la vigne et tous
les sites fouillés présentent pépins, serpettes, récipients et témoignages écrits. Cette culture extensive est l'apanage des colons romains, alors que les indigènes devaient produire du vin pour leurs propres besoins locaux.
Un site proche de Cavaillon, ancienne cité des Cavares, est particulièrement intéressant. Des carrières sises au nord de la colline Saint-Jacques ont révélé des puits, des fossessilos à provisions et des fosses sépulcrales, dont le creusement et le comblement correspondent à une période allant du Ve siècle avant J.-C. au IIe siècle. En plus d'un énorme matériel céramique, on a retrouvé
- dans les fosses-silos des pépins de raisins avec les débris des vases qui les contenaient;
- des fragments de galettes à la surface desquelles apparaissent des pépins de raisins et des pépins de figues
(dans certaines régions de l'Italie on fait encore gonfler des raisins secs dans une pâte de céréales que l'on cuit ensuite).
Ces restes conservés par lente minéralisation, datent tous de la deuxième moitié du le` siècle avant J.-C. soit un Gallo-romain précoce et sont visibles au musée de Cavaillon. On ne trouve aucune trace d'amphores, mais de nombreux pichets, vases et urnes ayant pu contenir du vin, en particulier des cruches à anses torsadées.
Dès le le` siècle avant J.-C. les Gaulois sont déjà passés maîtres dans la création de cépages nouveaux : dans l'ordre chronologique, Vienne, Alba et le Bordelais. En 25 avant J.-C., l'Allobrogie devient Colonia et les habitants ont ainsi le droit de planter la vigne. Le territoire de Vienne englobe l'Hermitage et les Côtes Rôties où se développe Vitis allobrogia ou Vitis picata qui désigne un cépage résistant au froid et un cru qui a naturellement le goût poissé. Ses origines suscitent des
controverses : ses descendants pourraient être la Syrah pour les uns, la Mondeuse pour les autres. Vienne-la-Vineuse était célèbre jusqu'à Rome pour son vin à goût résiné, le Picatum, et Martial en promet à l'un de ses convives, ce qui est une grande marque de faveur. Un sarcophage de Vienne de la fin du le` siècle mentionne une distribution de gratifications aux principales corporations vivant alors de la viticulture locale. Comme partout les cépages se multiplient et Pline cite 3 crus du territoire de Vienne : Sotanum, Taburnum et Ellincum, ce dernier étant un remède à faible dose mais donnant mal à la tête pris en excès.
Les Helviens, qui avaient Alba en Ardèche pour capitale, avaient mis au point un cépage, le Carbonica dont la fleur passait en un jour, ce qui diminuait les risques de gelée. C'est Pline l'Ancien qui relate ces faits en précisant qu'il produisait un vin capiteux.
D'après Strabon, Bordeaux n'était, au début de notre ère,qu'un important marché mais sans production propre. Dans le courant du
ler siècle apparaît un cépage local, le Biturica dont les fleurs ne sont pas sujettes à couler parce qu'elles sont hâtives et qu'elles résistent aux vents et aux pluies. Ces vignes sont mieux à leur aise dans les lieux frais et humides que dans
1es lieux chauds et arides. Cette production locale est confirmée par le flux des amphores. Bordeaux développera ainsi un vignoble renommé à partir du IIe siècle avec ce cépage particulier. On a retrouvé dans les fouilles de
Saint-Christol, 5 pieds de vigne cultivée datant de la première moitié du le siècle. De ce cépage pourrait provenir le Cabernet actuel.
Ainsi dans toutes les régions, se pose la même question: cépage d'origine locale ou importé. Comment les Gaulois angevins sont-ils passés des lambrusques au Chenin?
Chaque contrée s'est donc dotée d'un cépage ,ou de plusieurs cépages