(Récit fourni par la ville de Loches)
La vigne pousse déjà en Europe occidentale
au Miocène. La vigne sauvage (Vitis silvestris) a sans doute été
consommée par l'homme dès le paléolithique. Ainsi a-t-on retrouvé des
pépins dans ses habitats. Les grains étaient certainement mangés frais
ou séchés. L'origine de la vigne cultivée (Vitis vinifera) est plus
obscure. Aussi, la vigne sauvage est-elle l'une de ses ancêtres
possibles.
QUAND L'HOMME A-T-IL DÉCOUVERT
LA SUBTILE ALCHIMIE DE LA VINIFICATION ?

Cette question est encore aujourd'hui sans réponse.
Déjà, la Bible met en scène le Patriarche Noé cultivant sa vigne sur
les versants du mont Ararat. En effet, la Transcaucasie, située à l'est
de cette montagne, est le berceau de la viticulture. Mais les premières
traces archéologiques d'une vigne cultivée datent du IVème millénaire
avant Jésus-Christ à Hamra (Syrie). Sa culture couvrait tout l'ensemble
du Bassin méditerranéen. Par exemple, les hiéroglyphes égyptiens gravés
dans les tombeaux royaux vers 2700 avant Jésus-Christ, décrivent les
travaux de la vigne, notamment l'utilisation de hottes en osier et de
cuves en bois d'acacia. Les amphores déposées dans les tombes
contenaient du vin appelé "mariotique" ou "taniotique".
Il s'agissait de provisions destinées à alimenter le défunt pendant son
voyage dans l'au-delà. Plus proche de nous, les Grecs produisaient des
vins doux qu'ils coupaient à l'eau de mer ou avec du miel et des aromates
pour rehausser son goût. Cette civilisation avait, elle aussi, ses grands
crus : Chios, Cos, Lesbos, Thasos...
Comme aujourd'hui, un temps de maturation était
nécessaire avant de les boire : 3 ou 4 ans. Les Grecs
transmettent la technique du vin aux Romains, qui l'améliorent. C'est à
eux que l'on doit l'usage de la greffe et de la taille. Il était d'usage,
dans la civilisation romaine antique, de couper son vin avec de l'eau ou
de le rehausser d'anis. Les grands crus d'alors sont aussi ceux
aujourd'hui. Ainsi les vins d'Alba, ceux de Setia ou encore le falerne de
Campanie... A la fin du second siècle avant Jésus-Christ, les Gaulois
inventent la barrique en bois cerclée de fer, sous le règne de Marc-Aurèle
(160-181). Dans le même temps, les Romains s'emparent du sud de la Gaule
et créent la province de Narbonnaise.
LE COMMERCE DU VIN ?

Cette conquête permet aux marchands de vins
italiens d'écouler leur surplus de production et d'établir une tête de
pont pour exporter leurs produits vers des provinces grandes
consommatrices comme l'Armorique. Rien d'étonnant à ce que l'on retrouve
aujourd'hui de nombreuses amphores dites "gréco-romaines" dans
cette région. Elles ont déjà un emballage jetable bouché avec un
morceau de liège. Le vin est donc un élément de la géopolitique
romaine. D'ailleurs, quand le Dauphiné et le Bordelais se mettent à
produire du vin de qualité à partir de cépages adaptés aux climats de
ces régions, l'Empereur Domitien tente de freiner la concurrence
commerciale des Gaulois. Aussi rédige-t-il un décret qui interdit toute
nouvelle implantation de vigne et incite même à l'arrachage des ceps...
C'est l'essor du christianisme en Gaule qui
marque le véritable décollage du commerce du vin. En effet, les moines
sont vite passés maîtres dans l'art de la vinification. Charlemagne,
lui, développe la culture de la vigne et les abbayes s'implantent sur les
terres adaptées à la viticulture.
Dès lors, les rois offrent leur protection
aux crus qu'ils affectionnent et le goût du vin s'étend dans les couches
populaires. Mais l'accroissement de la demande a un effet pervers :
on privilégie la quantité. Le peuple s'abreuve souvent de
"piquette". Ajoutons une autre raison pour expliquer cet
engouement. En effet, à cette époque et jusqu'au XVIIe /
XVIIIe siècles, il n'était pas conseillé de boire trop
d'eau. Non que celle-ci ait été méprisée par les hommes d'alors.
Mais elle était bien souvent insalubre et
"pleine de maladies mortelles". Avec l'alcool, au moins, est-on
sûr de ne pas attraper de maladies contagieuses...